RENARDISES

Publié le par LAURENCE NOYER

Renardises. Le style de Jules

Cherche le mot juste, la phrase dépouillée (Annette Vaillant)

Pas de style, il n’admet pas le style lâché, ni le style léché. Simplicité de l’écriture. Il a le sens de l’équilibre, redoute les excès, et se méfie des adjectifs. Il peut reprendre indéfiniment une page, une phrase, hésiter longtemps sur une cadence ou le choix des mots. Il s’acharnait sur des riens S’applique à traduire dans la prose la plus stricte, la vie toute simple qui fut la sienne. (Léon Guichard)

Phrases nettes, courtes, avec des images. Son désir de la vérité amène Renard à dépouillé son style. Expression nette, sobre, originale, immuable de sa pensée (Henri Bachelin)

Humoriste méticuleux, esprit analytique supérieur, regarde à la loupe, synthèse coute peine et effort, (Han Ryner)

Gout pour la simplicité, la clarté, la sobriété. Son besoin de « faire neuf » l’entraine sur la voie de la préciosité. Les mots sont français, simples, exacts, ou dialecte régional. Utilisation du présent qui donne l’impression du vu plus que du raconté. Le style de Renard n’est pas de composition mais de décomposition, la phrase est dépliée, hachée, décomposée puis ajustée de façon à former des ensembles imprévus et pittoresques. Le point remplace tous les autres signes de ponctuation. Style dépouillé malgré un incessant besoin de créer des images. (Pierre Nardin)

Descriptions minutieuses, pas de fioriture, ni d’effet de style qui nous éloigne du vrai, adroit bijoutier, « style pur comme l’eau est claire, à force de s’user sur les cailloux » (Marc Alpozzo)

Un œil qui bouge à peine, qui ne se précipite pas sur les êtres et les objets, mais qui les attire à lui lentement. Les images volent autour de lui et s’écartèlent et craquent- et des ors éclatent et des cathédrales bondissent. (Ernest La Jeunesse)

Il s’est mis à quatre pattes pour voir le réel de plus près, il s’interdisait d’inventer même un soupçon d’intrigue. Il trace à tout petits traits méticuleux le portrait de la répugnante Mme Lepic, Renard a peint ces cloportes avec la persévérance et la conscience d’une vieille demoiselle qui trace un à un les brins d’herbe de ses aquarelles. Pour lui, l’art c’est précisément de ne pas s’abandonner au mouvement intérieur, de ne pas écouter l’inspiration. C’est l’observation uniquement et la peinture méticuleuse de la réalité extérieure ( Jacques Boulenger)

Ecrire par petits bonds, sur cent sujets qui surgiront à l’improviste, d’émietter pour ainsi dire sa pensée. De la sorte rien n’est forcé, tout a le charme du non voulu, du naturel. On ne provoque pas : on attend. (Jules Renard)

Un plan de telle simplicité, et ce style de génie à la portée de l’enfance. Il ne s’agit pas de nous apitoyer, il s’agit d’écrire simplement ce qui est : on sent le retentissement de chacun de ses mots modestes et si riches de sens. Aucun boniment ne les prépare, aucune jactance ne les exhibe : il faut les lire de près, lire lentement, lire tout. C’est si court ! mais il faut, pour bien gouter Jules Renard, consentir à admettre une littérature qui est à l’antipode de notre romantisme, une littérature sans geste, sans drapés et sans cris où tout se passe à l’intérieur. Pas de tricherie, pas de mensonge. C’est de la littérature de témoin. La prose de Jules Renard, scandée et martelée à l’égal de nos vers les plus parfaits, n’a pas ce bercement, cette suavité ni ces tours ingénieux qui nous charment chez d’autres écrivains très lettrés : c’est une prose nerveuse, dépouillée de souvenirs littéraires, jaillissant du sol comme une source fraîche, elle grince comme un pomme verte sous la dent des écolières. Cette écriture si travaillée ne sent pas l’écriture, si elle en offre l’apparence, c’est qu’elle est elle-même un modèle, et c’est qu’elle a déjà été imitée. L’originalité de sa poésie, vient de ce que cet homme a gardé vis-à-vis des gens et des choses la sensibilité et la tournure d’esprit des enfants. Il a leurs pots étonnants et leurs épithètes géniales. ( René Boylesve)

Mr Jules Renard est un esprit paradoxal. Il rencontre naturellement, nécessairement toute l’ironie tapie à l’envers des choses : mais il n’est pas un ironique, tandis que paradoxal il l’est dans presque toutes ses pensées, dans sa conversation, dans ses mots, ses qualificatifs, dans la division de son livre. On le suit en ses observations exactes, méticuleuses, associées, en minutieuse et précise analyse, ses bonshommes se révèlent petit coin à petit coin, la situation peu à peu se dessine, et puis soudain le tableau- caricatural- s’efface, se brouille pour le moins et s’embue comme font parfois les ombres chinoises, pour ne reparaître dans sa netteté qu’au bout d’un moment. ( Alfred Vallette)

Le Style c’est le mot qu’il faut, le reste importe peu Avoir un style exact, précis, en relief, essentiel Un mauvais style, c’est une pensée imparfaite Le style c’est l’oubli de tous les styles Style pur comme l'eau est claire, à force de travail, à force de s'user, pour ainsi dire, sur les cailloux. Style. Je m'arrête toujours au bord de ce qui ne sera pas vrai. Tout lasse. L'image même, qui est d'un si grand secours, finit par fatiguer. Un style presque sans images serait supérieur, mais on n'y arrive qu'après des détours et des excès la beauté du style est dans sa discrétion Le beau style ne devrait pas se voir. Il faut savoir négliger son style pour paraître plus souple. (Jules Renard)

Cet admirateur de la Bruyère se serait passé la plume à travers le corps plutôt que de laisser voir un de ses brouillons, n’aimant que la phrase achevée et parfaite, une lutte de tous les instants pour la plus juste expression, à son martyre de puriste, à son infatigable scrupule, multiplié par la persécution de la sincérité. Jules Renard excellait à se tourmenter, à étudier ses verrues au microscope, à se persuader de sa férocité, de sa petitesse, de sa vanité, de ses ridicules (Emile Henriot)

Précis, contenu, amoureux des rares mariages de mots. Il retrace simplement, à traits menus .(Jean Viollis)

Ecriture ramassée, dégraissée, qui va à l’essentiel. Il utilise des mots qui évoquent et non qui démontrent.( François Morel)

Des mots menus, précis, profonds. Des paysages concentrés et forts, des physionomies achevées touche à touche. La nature est vue de près, en détail, face à face (Léon Blum)

Amour de la décomposition, il déroule les sentiments, il les déplie, par des minuties délicates comme on ouvre un paquet fragile et bien ficelé. Il ralentit et ramène à leur état originel les expressions, les mouvements, les sentiments. Il espace ce qui est continue, il grossit ce qu’il isole. Ce n’est pas parce qu’il exagère, mais parce qu’il distingue. Il utilise des phrases courtes, sans adjectifs avec tout l’effort du sens porté sur le verbe, des phrases bien séparées, limitées par des haies solides de points. il ménage les adjectifs, pas contre, fait une dépense effrénée de métaphores. (Léon Blum)

La clarté, la simplicité, la subtilité, la précision, le trait, la notation exacte, scrupuleuse, rigoureuse du détail, l’originalité de la vision, l’image qui frappe, s’imprime, se grave dans l’esprit. Il présente les choses en raccourci. Il écrit juste ce qu’il faut, sans avoir l’air d’y attacher trop d’importance. Il se contente de vous signaler un détail, de vous montrer un coin. Et l’image découverte, il la tourne, la retourne, l’épluche, la rogne jusqu’à ce qu’elle devienne lumineuse de netteté et de précision (Victor Méric )

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