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Publié le par LAURENCE NOYER

Jules Renard – Histoires naturelles ; « L’idée ne serait jamais venue, je pense, à Sully ou à Colbert, d’inviter les régents de Collège et les Maîtres d’école de village à mettre aux mains des enfants Gargantua et Pantagruel. Et pourtant Rabelais est un autre homme que Jules Renard et, de ces deux écrivains, le moins capable de former l’esprit et le cœur de la jeunesse n’est pas sans doute le Curé de Meudon. … Oui ! je redouterais moins pour le jeune âge, la truculence de Rabelais que le pessimisme maupiteux de l’auteur si ridiculement glorifié des Histoires naturelles…Renard sans profondeur et pessimiste mesquin, voit la Nature non pas sublime ou riante, ni même hideuse ou formidable, mais plate, triviale et malpropre… Parfois J. Renard vise au bel esprit et alors, vrai précieux, il égale l’abbé Cotin. Je ne reviendrai plus sur le serpent trop long et les violettes toutes officiers d’Académie. Il y a mieux : la guêpe finira par s’abîmer la taille… Ailleurs, c’est la facétie vulgaire du calicot plaisantin : Le lézard vert – prenez garde à la peinture ! Ne calomnions personne : la haine anticléricale ne s’affiche pour ainsi dire pas dans les Histoires naturelles. Une fois seulement, quand J. Renard fait sonner un glas pour la mort de la vache Brunette. Mais comme cela est choquant ! [...] Rare aussi l’obscénité dans les Histoires naturelles. Il arrive cependant à Jules d’insister avec une bien fâcheuse complaisance, comment dirai-je, sur les lenteurs du divorce chez les chiens. Mais le triomphe de notre auteur, c’est la plaisanterie scatologique. On n’est pas un bon naturaliste, je prends le mot au sens littéraire, quand on n’a pas le goût de l’excrément : J. Renard ne l’a que trop ! Jules Renard n’a pas l’excuse de la fureur ; il aime d’instinct le plat que Cambronne offrit aux Anglais ? Oserai-je citer ? Quand on a lu la très belle page où Buffon glorifie « la plus noble conquête que l’homme ait jamais faite », combien répugnant paraîtra ce trait final de J. Renard ! « A quoi pense-t-il ? (mon cheval) – il p…, p…, p… »… Jules Renard, qui n’est pas un sauvage, qui, bien au contraire, a vu la lumière du troisième appartement, n’a garde d’admirer la riche parure de la svelte et élégante couleuvre. La reptile endormi et roulé sur lui-même, suggère à l’esprit de notre goujat la plus sale image du monde. Ce jour-là le chasseur d’images a dû être content de lui-même. Oh ! je ne le comparerai pas aux vidangeurs. Les vidangeurs, précieux pontifes de l’hygiène, nettoient au lieu de salir : ils n’ont pas l’instinct fécal. Ecoutons J. Renard : « la couleuvre – de quel ventre est-elle tombée, cette colique ? » Pour le coup, Zola même se boucherait le nez. Voilà l’homme dont on veut propager l’œuvre dans les écoles. Les enfants, hélas ! ne sont que trop portés à goûter la scatologie, oui : tous les enfants, non pas seulement dans le peuple, mais dans la classe opulente. On sait avec quel plaisir les enfants des riches recueillent les mots les plus sales sur les lèvres des valets, et comme ils aiment à parler des fonctions les moins nobles du corps humain.

Publié dans HISTOIRES NATURELLES

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