GUITRY

Publié le par LAURENCE NOYER

Sacha Guitry : Le Gil Blas, 7 juin 1904 « M. Jules Renard » « Dans la rue, il marche à petits pas, les yeux sévèrement fixés sur le bout de ses pieds, comme pour les empêcher de se marcher l'un sur l’autre. Il parle peu. Il préfère écouter surtout le silence, pour pouvoir rentrer au-dedans de lui-même, et rire. Il doit avoir bouché l'une de ses oreilles, pour être, sûr que, de ce qu'il entend rien ne sorte, avant d'avoir bien mûri dans sa tête. Maintenant il tient son veston croisé pour faire croire qu'il porte son écharpe de maire. Mais nous savons qu'il la garde précieusement, pour se la mettre à la boutonnière, un jour. Cette tête a l’air, d'avoir été, faite très, très vite. Il dit « Pourvu qu'il ait un grand front, ça ira on lui a fait un grand front, puis on lui a piqué des poils au hasard sur la figure, mais comme il était pressé, ils n'ont eu, qu'une couche de peinture, le rouge. « Vous, avez oublié les yeux, donnez-moi une vrille » Et il est parti. Et il s'en va; son poil de carotte dans le creux de la main. »

Publié dans PRESS BOOK

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