DRAULT

Publié le par LAURENCE NOYER

Jean Drault : La Libre Parole, 22 octobre 1909 « La Bigote » «C’est une prétendue étude faite avec plus d’observation que de fiel, de mœurs de province. Jules Renard y réhabilite Homais, sous le nom de M. Lepic, maire anticlérical, et qu’on croirait, pendant le premier acte, sourd-muet, d’une localité pleine de bigotes. Sa femme est à la tête de ces bigotes : elle fait boire le vin de Lepic au curé, et elle chipe les lièvres qu’il tue pour les faire manger au curé. Aussi Lepic a-t-il les curés en horreur. Il aime les prêtres, mais il déteste les curés. Cette distinction subtile lui est chère ; il l’émet à diverses reprises. Il s’épanche dans le gilet du fiancé de sa fille et cesse soudain d’être sourd-muet pour emprunter à Jaurès sa faconde et ses idées. La pièce est longue, très longue. Quand elle est finie, les prêches calvinistes de Lepic, qui est incontestablement de la vache à Colas, continuent, grandissent. Je m’attendais à un effet qui eût été fort drôle : le souffleur tirant un coup de tromblon à ce sourd-muet honoraire qui ne peut plus s’arrêter ; j’ai vu quelque chose dans ce genre au music-hall et c’était irrésistible. Nous n’avons même pas eu cette joie. La Bigote est encore plus ennuyeuse que Poil de Carotte, ce qui n’est pas peu dire. L’idée en est approuvée en loge maçonnique, et je recommande instamment cette folichonnerie aux organisateurs des matinées littéraires de la rue Cadet. Elle y aura plus de succès qu’à l’Odéon, et elle est à la portée des primaires les plus constipés. »

Publié dans La Bigote

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