ECORNIFLEUR

Publié le par LAURENCE NOYER

L’Écornifleur, Paris, Ollendorff, 1892, 313 p.
 

Roman écrit en 1890, mais il ne peut le publier qu’en janvier 1892. Deux manuscrits de l’Écornifleur existent : vendus par Mme Renard à l’Hôtel Drouot en février 1921, ils appartenaient à la collection du marquis du Bourg de Bozas, et sont passés en vente en juin 1990, puis à nouveau en 2005 (cf. supra, Manuscrits) : il est dommage qu’on n’ait pas publié les 19 pages de notes dePoète et bourgeois (un des titres de l’Écornifleur) : « Jules Renard y a jeté un plan dont le développement aurait donné une action fort différente, plus poussée et plus dramatique. On y trouve le schéma de plusieurs scènes, des dialogues amorcés, des phrasesmises là en attente de s’en servir » (d’après le Catalogue de vente en 1921 d’Henri Leclerc). Léon Guichard a publié (Œuvres, t. I, p. 939-940) une page manuscrite de l’Écornifleur, d’après un catalogue d’autographes, qui montre, pour le début du premier chapitre, l’importance du travail de réécriture (l’écornifleur s’appelait initialement Pascal Aubain).

C’est L’Écornifleur qui fit en un sens, avant 1894, la réputation de Renard et lui permit de pénétrer dans les grands journaux. L’ouvrage fut réédité en édition illustrée par Ollendorff en 1904 (dessins de Charles Huard) et en 1908 par Fayard, dans la collection Modern Bibliothèque en édition à 0,95 f. (illustré d’après des aquarelles de Vogel). Mais ce roman est d’interprétation difficile : on lira l’introduction, mesurée, de Guichard (Œuvres, t. I, p. 291-301) et l’analyse donnée par Michel Autrand dans L’humour de Jules Renard, 1978, p. 161-178. On aimerait en savoir un peu plus sur les Galbrun, qui ont servi de modèle aux Vernet. Renard dans le Journal a donné une curieuse page à la date du 30 janvier 1892 (p. 114-115) : « Ce livre froissera beaucoup de gens. Il m’a froissé moi-même, comme si mon âme eût été en papier. Je m’imagine que je n’ai pas été sincère. J’ai trop voulu l’être pour avoir réussi... ». L’Écornifleur a suscité bien des interrogations : rappelons cette lettre d’Alain Fournier à Jacques Rivière en juin 1906 :
« L’Écornifleur... c’est terriblement intelligent. Ça vous dissèque un bourgeois, une bourgeoise, un poète. Mais on ne peut s’empêcher de penser que tout ça, c’est ce qu’on voit, l’apparence, le superficiel ; et qu’au fond, sous les mots de cette partie de cartes, de cette méditation sous les étoiles, il y a quelque chose qu’on sent, qui est vivant, qui est beau et qui passe, que Maeterlinck et d’autres ont révélé, et que nous, les poètes, tâchons d’exprimer...  »

(Correspondance..., 24 juin 1906, t. I, p. 289).

Site officiel de la ville de Nevers sur la vie et l’oeuvre de Jules Renard

ECORNIFLEUR

Publié dans Ecornifleur, Oeuvres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article