BERNEX

Publié le par LAURENCE NOYER

BERNEX

Jules Bernex, Paris Midi « Le monument à Jules Renard » « A l’auteur de Poil de Carotte, de la Bigote, des Frères farouches et de Ragotte, des Histoires naturelles, on va élever un monument. Dérogation à un abus, ce ne sera pas à Paris, mais à Chitry-les-Mines, où il naquit, dont il était maire. Rostand, Tristan Bernard, Jaurès, Clemenceau, l’Académie Goncourt, Antoine, Claretie, Donnay, tout le Paris des arts et de la politique est uni dans l’hommage. Or, ce n’est point du boulevardier que parlera M. Maurice Mignon, sous-préfet de Chitry et président du Comité, mais de Jules Renard, villageois.« - Sa demeure, me dit-il, la Gloriette, ne se distinguait pas des autres, et lui-même ressemblait aux habitants. Avec eux, il était jovial, familier, et un peu bourru. C’est qu’il ne les observait pas uniquement, il les voulait endoctriner. « Durant l’affaire Dreyfus, outré de l’injustice, il avait mené de tels combats aux côtés des « rouges » qu’il ne déserta pas son poste, la crise passée, discernant la portée de la politique dans les provinces négligées. A la propagande orale, il joignit l’action de l’imprimé. Plus tard, il réunit ses articles, parus dans un hebdomadaire local , en un volume intitulé : Mots d’écrits, édité par les Cahiers nivernais.« Si fin, il éprouva des désillusions naïves. Il se trouvait à Paris lorsqu’il fut décoré. Quelques intimes organisèrent une fête. Tant d’amis y participèrent, elle fut si chaleureuse que Jules Renard en conserva une sorte d’enivrement. Que sera-ce, pensait-il, à Chitry-les-Mines, dans mon pays ! Il se représentait ses administrés l’attendant à la gare, les musiciens assemblés, et des applaudissements, des cris, des embrassades dont il ne se dégageait que pour inviter la foule à un grand banquet. Il alla vers son rêve. Personne au quai de débarquement, personne au dehors. Et les vieilles habitudes toujours les mêmes. Rien n’était changé – rien ne changea. Il en resta longtemps secrètement blessé. »Ainsi nous devisions. M. Charles-Henri Pourquet, sculpteur, s’approcha. Nous l’interrogeâmes : j’espère avoir fini bientôt le monument, nous répondit-il. Il figurera au prochain Salon. Voici une photographie de la maquette. « Un arbre, symbole de l’inspiration qui monte du terroir, s’appuie contre une muraille aux pierre rudes, rappelant les anciennes constructions du pays. Et dans la frondaison de l’arbre surgit, en bronze, le masque énergique et tendre à la fois de celui qui pencha son front compatissant sur l’obscure existence de nos frères farouches. Au bas du socle, dans une pose très simple, l’enfant souffre-douleur, Poil de Carotte, rêve… Le buste de Jules Renard n’est pas encore au point. »M. Charles-Henri Pourquet est un sculpteur déjà renommé. L’Etat lui a commandé pour le Conservatoire du musique une véritable élégie de pierre, Orphée au tombeau d’Eurydice. Au foyer de l’Opéra, on remarque un buste de Chaperon qu’il signa. Il est aussi l’auteur d’une Muse du peuple, inspiré par Louise de Gustave Charpentier et d’un buste de Léon Tolstoï. Et M. Maurice Le blond de conclure : - Nous avons déjà une somme de huit mille francs. Et il est juste de signaler que plus de la moitié des souscriptions a été recueillie par les instituteurs. » Déjà l’œuvre de Jules Renard avait été défendue et répandue par eux. Il était président d’honneur de l’Amicale. Une grande fête littéraire précèdera l’inauguration du monument. La veille, dans le jardin potager de Jules Renard, la troupe de la Comédie française jouera Poil de Carotte. »

Publié dans MONUMENT, CARICATURE

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