BILLY

Publié le par LAURENCE NOYER

Jean de l’Escritoire (André Billy) : Paris-midi, 6 octobre 1913 « Emile Pouvillon a une avenue. Pourquoi Jules Renard n’aurait-il pas une rue ? La rue du Rocher, par exemple ? Qu’un rural tel que lui ai choisi, pour s’y loger, cette rue étroite et bruyante du quartier de l’Europe, cela est surprenant. Mais Jules Renard aimait Paris beaucoup plus qu’il n’a voulu le laisser paraître. Et il a eu beau dire, à la dernière page de Ragotte, que son cœur restait à la campagne alors que son corps était à Paris, nous nous permettons de croire qu’il exagérait. Il aimait bien trop le théâtre pour ne pas aimer Paris ! C’était un homme assez compliqué, à tout prendre, un esprit plein de détours et de retours imprévus. Naturaliste, il l’était, certes , mais quelle sottise de le rattacher à Zola ! pourquoi vouloir que tout le naturalisme soit sorti des Rougon-Macquart ? Jules Renard dépendait surtout des Goncourt ; il n’eut de commun avec Zola que son attitude cynique, et ce n’est pas pour cela qu’il est grand. Un jour que nous causions avec lui de technique littéraire, il nous dit son admiration pour les classiques. La pauvreté de leur vocabulaire le jetait dans le ravissement. Trois cents mots leur suffisaient, trois cents mots ! Toutes les angoisses du styliste passaient dans sa voix lorsqu’il répétait : - trois cents mots ! »

Publié dans MONUMENT

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